L'Islam en Guinée : Fouta-Djallon ( VI )

Alfa Mamadou Thiam a laissé à sa mort, 1902, sur toute cette lisière du Fouta, un grand nombre de disciples, les uns indépendants aujourd'hui et chefs de groupements autonomes, les autres passés sous la direction spirituelle de son fils Mamadou.
Celui-ci est né vers 1865 à Tamba. Il a fait ses premières études avec son père ainsi qu'auprès des marabouts toucouleurs de Dinguiraye, puis a consacré les dix ans de son adolescence à faire le dioula à Conakry. Nommé chef de village de Tamba (1897), il exerça ses fonctions avec beaucoup de zèle, et ne tarda pas à se brouiller avec l'almamy Maki Tall, dont il se souciait peu, sentant que c'était du côté des Français qu'il fallait se tourner.
Révoqué de l'emploi de chef de village de Tamba en 1904, sur la plainte des notables, pour abus de pouvoirs, il fut utilisé aussitôt comme moniteur d'arabe à l'école française. Il y prit tout de suite un ascendant considérable, et y rendit pendant huit ans des services signalés. Il profita de son passage dans notre établissement scolaire pour s'y perfectionner dans la langue française qu'il parle et lit très suffisamment,
En 1908, il faisait un séjour de six mois à Médine et Kayes pour y faire le commerce de chevaux.
Nommé chef de la province de Tamba par arrêté du 14 décembre 1911, il exerce ces fonctions avec dévouement, intelligence et énergie. Il a été nommé par décision du Gouverneur général en date du 23 avril (1916) membre du Conseil consultatif des Affaires musulmanes de l'Afrique occidentale française, et, appelé à ce titre à Dakar, y fait un séjour d'un mois en mai-juin 1916.
Alfa Mamadou Thiam est un lettré arabe des plus remarquables. Il manie très bien la prose et les vers de la langue du Prophète, et soutient facilement une conversation en arabe littéraire. C'est un homme intelligent, cultivé, éclairé. Comme beaucoup d'indigènes, c'est
un polyglotte émérite: il parle le malinké, le soussou, le poular et le poul-poullé [fulfulde]. ll a conservé l'usage du ouolof. Son prestige, tant personnel que comme héritier de la baraka de Tafsirou Aliou, est considérable. Si l'exercice de ses fonctions de chef de province l'empêche actuellement de jouer un rôle maraboutique, il ne faut pas perdre de vue qu'il est surtout un pontife de l'Islam.
Il a une bibliothèque musulmane bien fournie, encore qu'un incendie récent lui en ait brûlé la moitié à Dinguiraye.
Il a fait du chef-lieu de sa province Balani-Oumaya, ancien village diallonké, un centre religieux important, y attirant et protégeant les Karamoko, y édifiant une magnifique mosquée qui passe aujourd'hui pour la deuxième du cercle, ne cédant le pas qu'à celle de Dinguiraye même. Ce centre est maintenant visité par des marabouts de la Mauritanie et du Soudan.
Ses fils, encore en bas âge, Ahmadou, né en 1907; Ibrahima né en 1909; Boubakar, né en 1912, suivent les cours d'école française de Dinguiraye; ses filles sont mariée à des notables et commerçants toucouleurs du pays ou même du Sénégal.
Ses frères sont tous des personnalités connues : Youssoufa Thiam, né vers 1875, écrivain d'arabe au cercle de Dinguiraye, puis secrétaire du Tribunal de province, aujourd'hui assesseur à ce tribunal. Modi Mamadou Thiam, de Sabéréfaran, né vers 1860. Tierno Tahirou, Foula du Labé, à Dara-Sokoboli, né vers 1865. Tierno Sabitou (Thabit), Foula, chef de Elleyabhe, son frère Maki Ella, Karamoko et notable.
L'influence de Tafsirou Aliou et de son fils s'est étendue en dehors de Dinguiraye. A signaler notamment dans le Koïn; leurs disciples, Karamoko Mamadou Bobo, Foula Ranhaabhe, né vers 1850, imam de la mosquée de Kona, marabout de quelque renom dans ce centre. Tierno Ibrahima, de la famille Koulounanké, né vers 1875, habitant Wendou Malanga. Il y fit ses premières études, les continue à Timbo, et revenu chez lui fait le maître d'école, le colporteur de caoutchouc, et l'auxiliaire du chef de province. Il a un certain nombre de talibés dans la région, dont Tierno Alimou, Foula, de la famille Seleyanke, né à Mombeya (Ditin) vers 1853, habitant le Marga de Bouroutomo, à Kémaya (Koïn). C'est un lettré, auteur de plusieurs poèmes en l'honneur du Prophète, maître d'école réputé, marabout très considéré. Il a plusieurs talibés dans cette partie du Koin.

  1. Tidiani Dia. — Tidiani Dia, plus connu sous le nom de Ti Dia, fils d'Ousman Seydou, est le chef de la province de Baïlo. Il est né vers 1867, a fait ses études auprès de ses compatriotes toucouleurs de Dinguiraye, et s'est tout de suite classé comme un musulman fervent et très instruit. Quand l'almamy Aguibou fut appelé au Soudan par le colonel Archinard, il le suivit; on le rencontre plus tard aux côtés de Maritz, luttant contre Samory et ses lieutenants Sori Ba et Baro Madiara. En 1898, il fait le dioula dans le Sahel, sur le fleuve Sénégal et en Sierra-Leone.
    La religion conduisit Ti Dia à la notoriété, et celle-ci au commandement d'une province. Lors de la réorganisation du Dinguiraye, il reçut le commandement du Baïlo (janvier 1912) qu'il dirigeait au surplus, « à l'essai » depuis 1909.
    Il s'y est parfaitement distingué par son énergie et son intelligence. Il s'y est même acquis une réputation de spécialiste de travaux publics. Ses pistes, ses ponts, ses puits, ses caravansérails sont parfaitement entretenus. Il a poussé ses administrés dans la voie des cultures agricoles et a obtenu de très beaux résultats.
    Ti Dia est tidiani omari et se rattache au grand marabout par la lettre d'Ahmadou Chékou à Aguibou. Il a un certain nombre de disciples dans le Dinguiraye, mais surtout dans la province du Baïlo. Depuis qu'il est chef, son caractère maraboutique s'est très effacé, au moins aux yeux des Français. Il reste pourtant intérieurement ce qu'il était, et le reparaîtra, le cas échéant: un marabout très érudit et très considéré.
    Sa résidence de Niara Tinkinsan est dotée d'une belle mosquée de chaume, dans le genre classique des mosquées du pays.

  2. Alfa Malian. — Alfa Malian Ba, Toucouleur, vient de mourir, laissant la réputation d'un grand marabout, dont ses enfants n'héritent que partiellement.
    Il était né vers 1840, à Matam, et avait suivi, enfant, ses parents qui s'attachaient à la fortune d'Al-Hadj Omar. Il fit de bonnes études à Dinguiraye et à la mort de son père, Tierno Adboulaye, lui succéda comme marabout de l'entourage d'Ahmadou Chékou. Il assista, en cette qualité, au siège de Nioro, puis revint à Dinguiraye, où il fut conseiller de l'almamy Maki Tall. A la suppression de l'ancien état de choses. Alfa Malian fut nommé chef du village de Dinguiraye (1903-1910), puis assesseur du Tribunal de cercle. Son impéritie, jointe à celle des autres chefs locaux, conduisirent l'autorité française à la réorganisation du commandement, et Alfa Malian dut résilier ses fonctions.
    Il redevint marabout comme par le passé, et se retira à Mboné (province de la Tamba) où il professa quelque peu, supplée à cause de son grand âge par ses fils et disciples.
    Il est mort à Dinguiraye, en septembre 1913, et y a été enterré.
    Son fils aîné, Alfa Ba, né en 1875, est relativement lettré et ne jouit que des reflets de la baraka paternelle. Il est chef de Mboné et se consacre surtout aux travaux agricoles.
    Ses autres fils, Oumara Ba, Ousman Ba, Mama Foro Ba, sont des cultivateurs notables de Mboné.
    Le groupement d'Alfa Malian Ba se rattache au Tidianisme omari par le grand marabout lui-même, qui conféra son
    wird au jeune homme dans le Fouta Toro, vers 1882.
    N'ayant pas reçu les pouvoirs officiels de
    moqaddem consécrateur, Alfa Malian Ba a toujours quelque peu opéré sous le manteau de la cheminée et ne laisse qu'un petit nombre de talibés.

Les autres marabouts de Dinguiraye sont des personnages de second plan et ne méritent qu'une mention rapide.
Dans le Dinguiraye même:

  • Tierno Oumar Thiam, né vers 1868, maître d'école et surtout dioula, lettré intelligent transcripteur de la lettre d'Ahmadou Chékou à Aguibou.

  • Tierno Mamadou Abdoul, maître d'école, né vers 1855.

  • Ibrahima Hamadou, dit Kankan, parce qu'il a fait un voyage dans cette ville. Il est né en 1840, et prétend avoir reçu le wird d'Al-Hadj Omar lui-même à Hoore, fondé en 1860.

  • Doulla Tierno Ciré et son frère Tierno Ciré Baro, maître d'école.

  • Ousmani Diallo, lettré et ouvert, né vers 1865.

Tous ces indigènes sont des Toucouleurs d'origine, fils des compagnons d'Al-Hadj Omar, nés et élevés dans le pays, très unis entre eux, formant bloc contre les autres groupements ethniques et, de par leur particularisme, conservant toujours leur langue et leurs coutumes du Fouta Toro.
A ajouter à ces personnages,
Alfa Amadou Bodié, Foula originaire de Kolladhe (Ditin), installé depuis soixante ans à Dinguiraye, imam de la mosquée d'Al-Hadj Omar.
Dans le Loufa: à Loufa,
Alfa Bakar, de Kansato, né vers 1850, maître d'école; à Bagui, village de Torobbhe, Alfa Mamadou Goulo, dit Mamadou Alfa, originaire de Niéniéméré (Koïn), Alfa Ibrahima Diop, dont le grand-père d'origine wolof, vint à la suite d'Al-Hadj Omar. Alfa Diop a été chef du village. Il est aujourd'hui maître d'école, et fait diriger la classe élémentaire par son fils Boubakar, tandis que lui faisait un petit cours supérieur de Rissala, à trois ou quatre élèves. Boubakar est aujourd'hui moniteur d'arabe à l'école française de Labé.
Dans le Tamba:
Alfa Saliou Poullo Fouta, Foula originaire de Timbo, mais né à Dinguiraye vers 1860, maître d'une petite école d'une dizaine d'élèves; Alfa Oumarou Baïlo, Foula, forgeron et maître d'école.
Dans le Baïlo:
Tierno Mamadou Sori, né vers 1855, résidant à Niaria Tinkissan. Alfa Mamadou Guiddo, né vers 1868, résidant à Fogo; Alfa Ibrahima Souréga, né vers 1860, à Dar es-Salam; Alfa Bakar Maliki, qui est mort en 1914, laissant plusieurs talibés, et Tierno Sidi Diawo Consolon, né vers 1855 à Kansato; Baba Kalinko, né vers 1870, à Nièrémadia-Kolen (Timbo), fils et disciple de Fodé Lamine Tounkara, Malinké, marabout enseignant à Kalinko. Son père fut un des premiers disciples d'Al-Hadj Omar, qui l'avait nommé chef de Kalinko. Baba est sujet à des crises d'épilepsie et même d'aliénation mentale prolongée. Al-Hadj Mamadou Sokoboli (Tamba) qui est mort en 1913, est signalé ici pour mémoire, car, d'affiliation qadria, son groupement se rattache à Saad Bouh.

IV
Toucouleurs de Dinguiraye et Foula
du Fouta-Diallon.

Toucouleurs et Foula, gens du Fouta Toro et du Fouta-Diallon, ont entre eux les plus grandes affinités:

  1. liens du sang d'abord, puisque c'est l'origine peule qui constitue leur principal caractère ethnique et que le poular toucouleur et le poulpoullé des Foula ne sont que des dialectes fort rapprochés, entre eux et dérivant du même fond peul;

  2. lien historique, car le flux et reflux de leurs grands mouvements de migration ont amené les tribus fulbhe des rives du Sénégal aux hauts plateaux de Guinée et réciproquement;

  3. lien religieux enfin, puisque leur islamisation date de la même époque, a suivi un développement parallèle et a, semble-t-il, fortement et réciproquement réagi sur les deux sociétés.

Il est donc naturel qu'on voie de tout temps les Toucouleurs, cordialement accueillis au Fouta, y prendre une place prépondérante dans le conseil politique des almamys et des chefs et dans l'instruction religieuse du pays.
Il y eut toujours à Timbo, à Labé et au Maci, des Toucouleurs inféodés aux chefs du pays, et leurs plus fidèles agents d'exécution. A Kadé, ils étaient — et ils sont encore — particulièrement influents.' Hecquard, qui y passait en décembre 1850, raconte les mésaventures qui lui advinrent du fait de Laho Bhoundou, fils du chef de Labé, et insiste sur les bons offices que lui rendirent en cette occasion les Toucouleurs du pays. Leur expérience des affaires des peuples soudanais, leur connaissance et leur rapprochement des Français qui permettaient et facilitaient les relations, leurs qualités d'entregent, d'intelligence pratique et d'énergie firent d'eux les auxiliaires de la politique des almamys du Fouta-Diallon et leurs meilleurs agents d'exécution: ministres, cadis , conseillers , ambassadeurs, etc. Tous les voyageurs qui se sont succédé à Timbo, de Mollien à Noirot, en passant par Hecquard, Lambert et Sanderval, ont constaté et signalent le fait.


Mamadou Bailo, conferencier Toucouleur

 

 

 

L'installation des Toucouleurs à Dinguiraye ne fit qu'accentuer le mouvement. Les missionnaires d'Al-Hadj Omar et de ses successeurs s'installent en karamokos un peu partout, ouvrent des écoles, se posent en pontifes islamiques, se poussent à la cour et en province. « Dans les régions où nous sommes, dit Sanderval en 1880, tous les rois ont auprès d'eux un Toucouleur, chargé des négociations relatives à la guerre, soit qu'il s'agisse de la déclarer, soit qu'il s'agisse de traiter de la paix. »
L'abondante distribution du
wird que firent d'abord les missionnaires toucouleurs, puis leurs télamides foula amenèrent peu à peu le Fouta-Diallon dans l'orbite tidiania des omariens de Dinguiraye. Aujourd'hui, sauf quelques groupements sadialiya (chadelia) et qadria, ceux-ci d'ailleurs Diakanké ou Houbbou, la totalité des Foula relève en définitive de la bannière tidiania d'Al-Hadj Omar. On le verra en détail au chapitre cinq, qui traite de ces groupements foula.
Les Foula d'ailleurs étaient fort bien accueillis à Dinguiraye. Ils y étaient même attirés par les maîtres toucouleurs qui voulaient peupler la région. Ceux-ci cherchèrent à y fixer — et ils y parvinrent partiellement — les Foula de Baïlo ou Foula errants, premiers Houbbou, sortes d'outlaw du Fouta, qui, fuyant les exactions ou plus simplement la justice des almamys, gravitaient à la lisière du pays. D'abord dans le Farana, puis dans le Oulada de Kouroussa, ils finirent par camper dans le Dinguiraye occidental, auquel ils donnèrent leur nom, mais fortement métissés de Malinké, peu ou mal islamisés, d'origines sociales les plus diverses et les plus décriées, ils furent toujours méprisés.
Samory les pourchassa, et sous sa poussée, ils s'établirent le long du Conseil. Les almamys de Dinguiraye les traitèrent tous avec égards, sauf toutefois Aguibou qui, par ses procédés violents, contraignit une partie d'entre eux à s'échelonner le long du Bafing, où ils sont encore.
En outre, depuis le temps d'Al-Hadj Omar, de tous les points du Fouta, de nombreux petits groupements de Foula ont émigré vers le Dinguiraye. A des intervalles réguliers, de décade en décade environ, des colonies du Pita (Pita, Timbi-Touni, Timbi-Médina, Bomboli), de Ditin (Fougoumba, Dalaba), de Timbo (Kolen), du Koïn sont venues peupler la région du Dinguiraye et notamment la plaine de Tamba Yoro, où tous les villages, Dayabhe, Diawia, Lancinaya, Ouyabhe, Dalaba, Fonfoya, Loufa, dont la création remonte au cours du dix-neuvième siècle, ainsi que Kouroupeng et Illi Mallo dans le Tamba, sont occupés partiellement par des Foula, originaires des provinces susnommées du Fouta-Diallon.
Peu après 1900, on signale encore l'exode du Ditin de plusieurs familles qui viennent créer, au pied nord-ouest des monts Libilamba, à proximité du village de Lémonéko, les deux centres de Nouveau-Fougoumba et Nouveau-Niogo. Ils entrent immédiatement dans l'ordre établi et se rattachent d'eux-mêmes au village malinké de Santiguïa et à son chef Alfa Kamara. Cette migration fut attribuée à ce moment-là aux exactions de l'Alfa de Fougoumba, Ibrahima Kilé.
Depuis cette date, d'autres mouvements se sont produits, qui ont été remarqués par l'autorité française, mieux installée et plus perspicace, et qui ont troublé sa quiétude. On a cru y voir tout de suite les signes d'un malaise politique. Il suffit de connaître le passé pour savoir que l'attirance religieuse, la tradition historique et l'appel de leurs frères déjà installés là-bas et y florissant, expliquaient ces exodes de familles. On peut y ajouter les besoins de pâturages nouveaux, la transhumance des Foula étant en effet fonctions des nécessités de leurs troupeaux, et peut-être enfin et tout simplement ce nomadisme invétéré qui parait être un des caractères fondamentaux de l'âme peule.
Voilà pourquoi, en 1911-1912 encore, trois cents personnes quittaient les régions de Fougoumba, Gobiré et Maci pour se rendre auprès de leurs frères des néo-villages foula du Dinguiraye, à savoir :

  • Fougoumba

  • Niogo

  • Dalaba

  • Kébali

  • Koumbia

  • Koubi

  • Dentari

  • Ley-Fello, etc.

Voilà pourquoi on peut signaler, chaque année, d'autres et semblables exodes, moins importants il est vrai. Il n'y a là aucune effervescence politique, aucune propagande religieuse.
Les principales personnalités religieuses y sont:

  • Mamadou Bobé Gobiré (Ditin), né vers 1844, habitant la Marga de Senaya, dans le Loufa, en relations constantes avec son pays d'origine où il jouit d'ailleurs, comme dans le Loufa, une certaine réputation de sainteté. C'est un disciple tidiani du célèbre marabout Modi Mamadou Gobiré.

  • Tierno Mamadou Mansonéya, né vers 1845, originaire de Gobiré, disciple tidiani d'Alfa Ahmadou du Kolladhe et de Modi Issagha, de Daara Timbo, celui-ci disciple direct d'Al-Hadj Omar. Il habite Ouyabhe (province de Dinguiraye) depuis 1906, date où il est revenu trouver ses parents et amis, émigrés avant lui. C'est un marabout lettré et considéré. Son frère Alfa Ousman jouit aussi d'un certain prestige.

  • Tierno Talibé Ndouyedio, né à Ndalaho (Pita) vers 1868, disciple tidiani de Modi Mamadou Guirladio, installé à Koya, dans le Missirah, et qui vient d'y mourir en avril 1913. Marabout illettré et de peu d'importance à qui on fit l'honneur, bien à tort, d'attribuer une prédication enflammée pour la guerre sainte. Ses enfants sont cultivateurs dans la région.

  • Modi Sori Sibilinké, fils et disciple tidiani de Mamadou Tanou, né vers 1850 à Kankalabé (Ditin) résidant à Koumbia Ley-Fello (province de Dinguiraye). Plus connu sous le nom de Dendembo Ibrahima. c'est un marabout lettré et considéré.

  • Alfa Mamadou Timbo Foula, Sediyanke, disciple d'Al-Hadj Omar, mort depuis plusieurs années. Il a laissé plusieurs talibés dans la région notamment; Imourana, né vers 1873, Malinké résidant à Foutou; Alfa Mamadou Kalé, Malinké, impotent, demeurant dans le Tamba, et Tierno Mamadou Ndiaye, d'ascendance wolof.

En dehors de ces grands mouvements de migration de tribus ou d'exode de familles, un certain nombre de personnalités foula sont venues s'établir dans le Dinguiraye toucouleur, Al-Hadj Omar en ramena plusieurs avec lui, et cette génération vient à peine de s'éteindre, un des plus notoires était Issagha Ba, plus connu sous le nom de Issa Ba, avare, rapace, mais remarquablement énergique, un des plus anciens agents d'Aguibou et de Maki Tall. Il exerçait l'autorité en son nom sur les Fulbhe de la région, et commandait en outre le village de Fougoumba du Dinguiraye.
A signaler encore
Fodé Fofana, Diallonké originaire de Diégounko (Timbo), né vers 1840, installé depuis 1860 à Mansaréna (Loufa), mais qui se déplace fréquemment dans le Dinguiraye et au dehors. Marabout ambulant et mendiant, peu instruit au surplus, il fait l'école à une dizaine d'élèves.

 

Notes
1. Dinguiraye est la déformation d'un mot foula qui signifie « tapade » enclos pour les boeufs.

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